Domicile-travail : les trajets sont de plus en plus longs

la dépeche, 3/12/09

Mobilité. Selon une enquête de l’Insee et de l’Auat, les salariés, toujours plus mobiles, habitent en moyenne à 15 km de leur lieu de travail, dans l’aire urbaine

C’est le problème majeur de l’agglomération toulousaine. L’étalement urbain croissant, l’essor démographique d’une aire urbaine (1) qui gagne 20 900 habitants par an et la concentration des emplois sur Toulouse et quelques pôles secondaires (Blagnac-Colomiers, Labège, Muret-Portet) se conjuguent pour asphyxier un réseau routier qui supporte seul l’essentiel des déplacements .

Une enquête réalisée par l’Insee et l’Auat permet de cerner un peu mieux les déplacements domicile-travail. Si ceux-ci ne concernent qu’un déplacement sur trois (on bouge aussi pour les courses, l’école, les loisirs…), ils les structurent fortement.

Près de deux salariés sur trois de l’aire urbaine travaillent ainsi dans une commune différente de celle où ils résident, selon cette enquête, soit 267 000 salariés qui effectuent chaque jour un trajet moyen de 15 km pour se rendre à leur travail. Parfois beaucoup plus, jusqu’à 150 km.Une mobilité accentuée depuis l’étude précédente, réalisée en 2004.

Une source d’espoir dans ce constat : les grands courants d’échange, tout en restant polarisés sur Toulouse, ne passeraient plus seulement par la ville-centre, mais par les pôles de banlieue et les villes moyennes situées à une heure de Toulouse. La solution du problème dépasse le cadre étroit des communes et même des structures telles que Grand Toulouse, Sicoval et Murétain.

1-L’aire urbaine de Toulouse compte 342 communes, 420 000 emplois et plus d’1,1 million d’habitants.

Voir notre carte du trafic toulousain en temps réel.

——————————————————————————–

L’attirance des banlieues

En dehors des flux entre Toulouse et le reste de l’aire urbaine, trois grands secteurs de mobilité se dessinent ( carte ci-jointe, IGN, Auat, Insee). Dans un large quart nord-ouest, Blagnac capte 50% des flux et Colomiers 40%. Au sud-ouest, un système d’échange s’affirme autour de Muret et Portet, et, au-delà, Auterive, Rieumes et Carbonne. Au sud-est, Labège, Castanet et Ramonville constituent la polarité principale. En revanche, le nord-est est absorbé par l’attractivité toulousaine. Un axe de développement à suivre pour transports collectifs et aussi services, emplois et équipements, si l’on veut limiter les déplacements.

——————————————————————————–

Qui sont les travailleurs nomades?

Les hommes, les ouvriers, les professions intermédiaires, les jeunes demeurent les plus mobiles pour les déplacements domicile-travail. Les ouvriers font ainsi, plus souvent que les autres, entre 20 et 50 km pour aller travailler. La propension croissante à se déplacer, en gagnant tous les profils de salariés, tend cependant à réduire ces différences. Comme celles entre hommes et femmes. Ainsi, à la périphérie toulousaine, les femmes se déplacent presque autant que les hommes. Leurs lieux de travail restent toutefois moins éloignés (de 5km environ) et moins diffus que ceux des hommes.

Les emplois de cadres et professions intellectuelles supérieures sont concentrés sur le pôle urbain, 21 100 se trouvant à Toulouse, 6 000 à Blagnac, 3 100 à Labège et 1 300 à Colomiers. Les cadres effectuent le plus gros des navettes domicile-travail entre les banlieues, où ils résident davantage, et quelques grands pôles d’emploi, dont la ville-centre. Les emplois des ouvriers sont les plus diffus (le trio de tête est Toulouse , Colomiers et Portet). Ils se déplacent beaucoup vers de nombreux pôles d’emploi. Les professions intermédiaires bougent pas mal aussi, nombre d’entre eux résidant en grande couronne. Les employés sont moins mobiles et leurs déplacements plus diffus. Pour employés comme professions intermédiaires, le trio de tête de l’emploi est situé sur Toulouse, Blagnac et Labège, ces deux dernières communes comptant plus d’emplois que d’habitants.

——————————————————————————–

témoignages

«De pire en pire»

L’Isle-Jourdain-Labège,soit 90 km aller-retour, tel est le périple quotidien domicile-travail en voiture de Sophie Trancoso (notre photo) , secrétaire de Sylis Groupe Open, basé à Innopole. «Avec les bouchons, je mets parfois deux heures pour rejoindre le soir le Gers, plus d’une heure pour venir le matin». Le prolongement de la ligne B du métro à Labège lui sortirait une épine du pied: «En effet, car je prendrai soit le TER jusqu’aux Arènes et ensuite le métro jusqu’à Labège, ou la voiture mais que jusqu’aux Arènes ou Basso Cambo».

Quand ils sont arrivés à Bruguières, en 2000, Olivier et Nathalie, mettaient 20 minutes pour faire les 18 km les séparant de leurs entreprises aéronautiques, à Blagnac. «Maintenant, on met 30 minutes au minimum, souvent 40, parfois 50. Matin et soir ! Tous nos collègues s’en plaignent. L’agglo ne cesse de grandir, les villes de banlieue aussi mais les infrastructures ne suivent pas. On perd un temps fou aux rond-points de Seilh ou sur l’unique pont sur la Garonne. On se rapproche vite de l’engorgement parisien» analyse Olivier, ancien Francilien. Et ils n’ont pas la possibilité de prendre les transports en commun, peu pratiques, ni d’acheter une maison plus près de Blagnac, donc plus chère…